Ci dessous, la note de notre Archiviste et de notre Capitaine.
De tous temps, la colline de Montmartre eut ses moulins ; elle eut aussi ses archers.
On possède une trace de l’activité de ceux-ci, en l’année 1618, mais on peut penser que cette année fut loin d’être la première. L’on connaît mieux l’emplacement des manifestations de ces archers amateurs, non encore organisés en compagnie et venant tirer le papegeai sous la caution d’un habitant du village et sous la haute juridiction du seigneur du lieu, en l’espèce, l’abbesse de Montmartre et de Nouvelle France.
Le tir avait lieu chaque année aux environs du Grand-Moulin, puis plus tard dans la cour de l’abbaye, enfin aux Porcherons.
On suit à peu près chaque année, depuis cette date, le bilan de l’activité des archers, soit par la liste des rois de l’Arc, soit par d’autres manifestations que celles du papegeai. Cette liste se trouve interrompue, en 1709, date à laquelle, par suite d’excès de toutes natures, le jeu fut interdit.
Il faut attendre 1748 pour qu’une Compagnie du Noble Jeu de l’Arc soit fondée aux Porcherons, par Jean Vignol. Affiliée à la Confrérie de Saint-Sébastien de Paris, elle établit son jeu l’an suivant, rue Saint-Lazare, jeu modèle pourvu de deux buttes de tir et d’une double allée de troènes.
En 1757, à la suite d’incidents divers, le jeu fut transféré rue des Martyrs ; il possédait une issue rue de la Tour d’Auvergne.
Comme toutes les compagnies de France, celle-ci fut dissoute, en 1790, son drapeau remis à Notre-Dame et le 16 octobre, expulsée de la rue des Martyrs, la Compagnie disparaissait.
Il fallut attendre les premières années du XIXè siècle pour voir réapparaître les sociétés d’arc du Nord et de l’Est de la France.
Les communes de Montmartre et de Clignancourt ne furent pas les dernières à suivre le mouvement.
Clignancourt s’installa tout en haut de la rue Saint-Denis, aujourd’hui, rue du Mont-Cenis.
Montmartre, en 1811, installe son jeu au Poirier Sans Pareil, ressuscitant en fait la Compagnie du Noble Jeu de 1748. En 1812, le Prix de l’Arc de Montmartre fut tiré par un grand nombre de compagnies, parmi lesquelles celle de Château-Landon, du passage du Désir, de Clignancourt, de Vaugirard, de Belleville-Apollon de la Chapelle. Autant de noms qui sonnent agréablement aux oreilles d’un Parisien d’aujourd’hui.
En 1826, la Compagnie du Noble Jeu se rend à l’église Saint-Pierre de Montmartre pour fêter la Saint-Sébastien ; la coutume s’en renouvellera chaque année jusqu’en 1830, date à laquelle le jeu est installé au 5, de la rue Capron, sur un des terrains de M. Simon Forest.
L’annexion de la commune de Montmartre par la grande ville amène une scission dans la compagnie. Une partie des chevaliers reçoit l’hospitalité de la Compagnie d’Apollon ; ce groupe s’établit ensuite au 87, de l’avenue de Clichy et disparaît en 1870.
Le groupe resté fidèle à la rue Capron donne à la compagnie le nom de Saint-Pierre de Montmartre, le fait reconnaître, en 1862 et garde son Jeu pendant près de 30 années.
En 1891, la construction d’immeubles sur les terrains de la rue Capron, aujourd’hui rue Forest, chasse la compagnie qui s’installe au 80 de la Cité Jouffroy-Renault, à Clichy La Garenne où elle se trouve aujourd’hui.
Sous l’impulsion du Capitaine Jay, un jeu superbe fut construit par Mougin père et fils (les Mougin d’alors) et commença pour la compagnie une longue période de succès.
En 1925, nouvelle alerte, une menace d’expropriation se dessinant, les chevaliers décident d’acheter leur jeu : chacun, suivant ses moyens, apporte sa part et l’affaire est conclue.
Ce fut une bonne chose. Les jeunes tireurs de l’actuelle compagnie, s’ils pensent quelques fois aux aïeux qui ont contribué à donner un bon départ à l’arc dans la région, ne doivent pas trop oublier leurs aînés d’il y a trente ans qui leur ont assuré un stand qui ne peut plus leur faire défaut.
Si je signale que Saint-Pierre possède ses archives depuis 1811 et que la date de 1748 semble bien être le point de départ de son activité, je n’aurai plus rien à ajouter.
Longue vie à Saint-Pierre de Montmartre
Pour compléter:http://www.lescheminsdelarcdroit.fr/media/pdf/montmartre.pdf